Elle n'avait jamais beaucoup réfléchie à la manière dont elle mourrais -même si ces derniers mois, elle avait eu toutes les raisons de le faire- mais elle n'aurais pas imaginé que ça se passerait ainsi. Haletante, elle fixait les yeux noirs du prédateur, à l'autre bout de la longue pièce. Il lui rendit son regard avec affabilité. C'était sûrement une bonne façon d'en terminer. A la place d'un autre, d'un qu'elle aimais. Noble, pourrait-on dire. Ca devrait compter en sa faveur. Si elle n'avait pas commis l'erreur de donner rendez-vous à Sung Hee, elle ne serais pas retrouvée dans cette situation, elle en avait conscience. Pourtant, aussi terrifiée qu'elle fut, elle n'arrivait pas à regretter ce moment de sérieux avec lui, car la discussion qui s‘en suivra le sera amplement. Quand la vie nous fait un don d'un rêve qui a dépassé vos espérances, il serait déraisonnable de pleurer sur sa fin. Ce fut avec le sourire aimable et tranquille que le chasseur s'approcha pour la tuer. Quelque part au loin, dans les tréfonds de la forêt glacée, une jeune femme hurla. On aurait dit qu'elle était prise au piège d'un cauchemar terrifiant, un de ceux où l'on est forcé de fuir, de courir jusqu'a ce que les poumons donnent l'impression d'exploser, sans que l'on réussisse pourtant à bouger assez vite. Elle ne cavalais pas pour sauver sa peau mais quelque chose d'infiniment plus précieux. Sa propre survie ne pesait rien du tout à ses yeux, ce jour-là. Elle avait eu plus que son compte d'expériences mortifères, phénomène auquel on ne s'habitue pas. Il semblait cependant inévitable qu'elle affronte de nouveau la mort. A croire qu'elle était marquée du sceau de la catastrophe. Elle avait beau y avoir échappé à maintes reprises, elle ne cessait de revenir à elle. Pour autant, cette fois différait beaucoup des précédentes. Il est possible de fuir celui que l'on craint, de lutter contre celui que l'on hait. Elle savait réagir face à ce genre de tueurs -monstres et ennemis-. Lorsqu'on aime son assassin, on n'a plus le choix, cependant. Car comment fuir et lutter si cela signifie blesser l'aimé ? Si la vie est la seule chose à lui donner, comment la lui refuser ? Quand on l'aime vraiment ? Car échouant, elle perdait tout désir d'exister. Deux futurs, deux âmes soeurs ... C'était trop pour une seule et même personne. Malheureusement, elle ne pouvaient coexister et elle avait eu tort de tenter de les y contraindre. Un coup retentit marquant le zénith exact du soleil.

Elle était sûre à quatre vint dix neuf virgule neuf pour cent de rêver. La raison de sa certitude ? Premièrement, elle se tenait enrouler dans ses draps éclairé par un rayon de soleil, le genre de rayon aveuglant et deuxièmement, elle était allongée dans son lit en sécurité. C'est en roulant sur le flanc qu'elle se mit à râler en cachant son visage dans son coussin pour se protéger de la lumière. Mais il était trop tard, elle était déja réveillée. Aujourd'hui ? Elle ne comptait pas sortir, journée pyjama, à ne rien faire, c'était l'idéal pour elle, elle était vraiment fatiguée en ce moment. Peu désireuse de se lever, elle se rallongea dans son lit en lançant au passage sa chaîne hi-fi, dans laquelle tournait un CD de Yiruma, First Love. Relativement bien renseigner dans sa discographie, elle possédait ses onze albums rangés dans sa table de chevet. Alors que River Flows in You tournait, elle pressa son bras contre ses yeux pour pouvoir retomber dans son sommeil, chose qui n'était pas bien compliquée. Alors qu'elle sombra dans l'onirisme, son portable sonna. C'est en grimaçant, qu'elle fut forcé d'ouvrir un œil, puis le second afin de regarder qui l'appelait. Son prénom s'afficha en gros avec un petit cœur à côté *o* ; Ce n'était que Sung Hee qui l'appelait, elle se hâta de lui répondre. La conversation fut braise, ce dernier lui disait qu‘il était en route, elle se leva donc, se vêtit d’un gilet par-dessus son pyjama, et attendit dans son canapé qu’il sonne à sa porte.

Sa tête lui faisait un mal atroce, il se sentait pris dans un tourbillon, les yeux picotant lui arrachant quelques gouttes salés qui descendait doucement le longs de ses joues rondes. Il détestait ses joues, elles lui donnait un air de bébé qu'il haïssait plus que tout. Il n'avait rien d'un enfant, il avait 27 ans, ce n'était plus un petit garçon. D'ailleurs, ses habitudes, ses gestes, ses comportements n'avaient rien de ceux d'un enfant, il était insouciant peut-être mais assez mauvais et pervers. Il se disait libertin mais il savait qu'il ne pouvait pas rester longtemps avec une même personne. Il aurait aimer se poser, rester un grand bout de temps avec quelqu'un, savoir ce qu'était vraiment l'amour, les rendez-vous, les discussion, connaitre l'autre personne, la découvrir petit à petit. Il parlait, parlait, mais il savait qu'il en était tout simplement incapable. Déjà qu'il supportait mal sa propre personne, sa propre présence, alors quelqu'un d'autre. Il se leva de son lit avec une nonchalance inhabituelle. Il en avait trop fait hier soir. Il tenait à l'alcool certes, très bien même, mais il en a beaucoup trop abusé et voilà le résultat; il se sentait toute chose. Épuisé alors qu'il venait d'ouvrir les yeux, étrange paradoxe. Il ne savait plus trop comment avait fini la soirée, comment était-il rentré? Comment s'était-il changé pour se retrouver en boxer dans son lit. Il n'en savait rien et ne se posa pas plus la question. Il descendit les escaliers manquant de peu de se retrouver la face sur le sol, cela lui aurait gagné du temps en y pensant. Il arriva enfin à la cuisine et rempli un verre d'eau en y ajoutant deux aspirines qu'il avait pris sur le chemin. Il savait qu'une seule ne serait rien devant ses horribles maux de têtes. Il le but le tout d'un coup et remonta dans sa chambre avec l'envie de prendre une bonne douche. Il ne savait pourquoi, mais en cet instant il se sentait sale, oui si sale. Il en avait un peu marre de cette vie d'insouciance et d'amusement mais en même temps elle l'attirait, il ne pouvait tout simplement pas s'imaginer un autre vie, c'est la seule à laquelle il s'était accoutumé. Il sortit quelques trentaines de minutes en suite de sous la douche, frais, lavé de toute la soirée d'hier et dégageant une agréable odeur fruité du gel douche qu'il avait volé à sa mère.

Il se laissa de nouveau retomber mollement sur le lit avec une serviette autour de la taille comme seule couverture. Son regard se posa sur son téléphone qu'il prit avec des gestes d'une lenteurs incroyable. Il passa sa liste de contact sans vraiment y faire attention jusqu'à ce que le symbole d'un cœur retint son attention. Jeon Cassandre. C'était le seul contact qui avait doit à un peu de fantaisies. Il l'aimait bien. Pas de cet amour dont un homme aimait un femme, mais ce n'était pas non plus celui d'un ami ou d'un frère. C'était juste spécial, il l'aimait sans vraiment savoir pourquoi, la voulait comme mère de son enfant sans l'aimer de cet amour là. Ce qu'il savait, c'est qu'un bébé d'elle serait tout simplement parfait. Et il ferait tout pour ça. C'était elle qu'il avait choisi et pas une autre. Il appuya sur le petit bouton vert et attendit qu'elle décroche. La conversation fut brève, il lui demanda si elle était libre et s'il pouvait venir chez elle. Il eut un "Oui" en guise réponse avant de raccrocher. Il se leva d'un bond, comme si ce simple appel avait suffit à lui faire reprendre toute son énergie. Il s'habilla à la hâte, mettant un jeans bleu clair et une chemise blanche dont il retroussa les manches, les premiers boutons ouverts laissaient voir une simple chaine en argent, il enfila des espadrilles blanches, se coiffa à la va vite et sourit en regardant son reflet dans le miroir. Il ne mangea rien, comptant bien sur la charité de la jeune fille chez qui il s'invitait pour lui préparer un bon plat. Il démarra sa voiture et se retrouva après quelques minutes devant le logis de la jeune fille. Il sonna ensuite à la porte abordant un énorme sourire. La jeune fille vint lui ouvrir habillé d'un pyjama.

"Très jolie!"

Il dit cela d'un ton mi-amusant mi-taquin. Portant il fallait l'avouer, même en pyjama la belle coréenne restait particulièrement belle. Il déposa un baiser très sonore sur la joue de la jeune fille en souriant avant d'entrer le premier dans l'appartement, un sourire toujours présent sur ses lèvres. Il finirait bien par lui faire accepter de devenir la mère de son futur enfant.

« Tandis que j’avais peur, il vint. Et venant, ma peur diminua »
Emily Dickinson

C’était comme un cauchemar qui prenait une tournure réelle. Lorsque le rêve devient un cauchemar, on se perd alors dans les abysses de l’enfer. Le calvaire devient une humeur quotidienne à chaque jour qui passe. Il lui manque, Elle lui manque. Ses deux parties d’elle-même n’ont pas su coexister ensemble, elle sait bien qu’elle avait eu tord de les y contraindre. Mais son égoïsme avait pris le dessus, et en conséquence, le chaos régnait en elle. Plus rien, elle n’avait plus aucune raison de vouloir protéger cette chose qui était immensément bien plus précieuse que sa propre vie. Ralentir le pas et attendre son heure était la seule chose à faire. Suicidaire ? Détrompez vous mes agneaux, nous n’avons pas à faire à une Cassandre qui compte mettre fin à ses jours, mais plutôt à une jeune femme désespérée qui cherche à tout prix à récupérer les deux morceaux de son existence. Le Dae Zhen de Cassandre, et la Cassandre de Cassandre, toutes deux avaient volés en éclats ce fameux jour. La porte avait claqué, un coup de vent avait relevé ses cheveux bruns. Puis ce fut un ras de marée qui inonda le seuil de ses yeux pour venir s’écraser contre ses joues, en ruisselant contre sa peau afin de l’y brûler tel des larmes acides. Il lui manquait, elle avait besoin de lui, sa présence était quelque chose de quasi-nécessaire à sa survie. Elle suffoquait, croiser son regard brun, entendre son rire moqueur et exaspérant, tenir sa main ; tous ces petits gestes d’affection lui manquait atrocement.

Tout lui paraissait si fade, dénué d’intérêt à ses yeux. Sortir pour rire à gorge déployer n’était plus quelque chose qu’elle pouvait faire avec aisance en se sachant ’vide’. Le départ de Daz avait crée non seulement un vide dans la maison, mais aussi un vide en elle. Un vide qui se transforma en une aversion profonde pour les hommes, une sorte de carapace afin de rejeter quelconque relation avec ces derniers ; Lorsque la vie nous offre un cadeau, savourons-le et conservons-le. Miyu’ n’avait pas su profiter de Daz comme il le fallait. Il avait été le seul qu’elle respectait à sa juste valeur, il était la seule personne à qui elle avait peur de faire mauvaise impression, habituellement, elle était totalement indifférente aux regards que les gens lui lançaient, mais lui n’était pas n’importe qui, il avait été son Dae Zhen. Sa présence était indispensable. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, elle était dépendante de lui. Seulement depuis quelques temps, elle était assez réticente envers sa compagnie, normal elle le détestait au plus haut point, du moins ce qu‘elle pensait. La principale raison de sa solitude était tout simplement, qu'elle avait cette crainte d'être à nouveau replongé dans ce cauchemar à la simple vu du jeune homme. Longuement, on lui parla pour lui faire comprendre que cela ne se produira en aucun cas. Elle ne s‘imaginait pas le revoir à nouveau ; Aujourd’hui, l’un des seuls hommes à qui elle parlait ne se comptait à peine que sur une main, dont Sung Hee. C’est en souriant qu’elle pensa à ce dernier, que faisait-il en ce moment ?

- Sung Hee … susurra-t-elle en se passant un doigt contre sa lèvre pulpeuse, les yeux clos.

Ce fut comme si son chuchotis avait traverser le vent pour atteindre le jeune homme puisque quelques secondes plus tard, son téléphone sonna pour afficher son prénom. Le sourire jusqu’aux oreilles, Cassandre décrocha. Une visite surprise ? Super, elle lui annonça qu’elle l’attendrait dans son appartement et qu’il n’avait qu’a rentrer en sonnant. Lorsqu’il sonna à la porte, elle fut agréablement surprise de le voir si bonne humeur, ce qui expliquait ce baiser sur sa joue. Relativement étonnée, elle lui adressa un sourire en réponse à son compliment. La jeune eurasienne, mi coréenne, mi française, s’assit sur un canapé, faisant face à lui, sourire taquin aux lèvres.

- Alors ? Que me vaut cette honneur ? Tu as faim d’ailleurs, je compte cuisiner pour ce midi, je me doute bien que tu veuilles déjeuner ici, non ?