Coiffure & tenue;

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Perdu dans ses pensées, Se Won errait les rues de Séoul, baladeur en main. Voilà une heure que son petit-ami l’avait envoyé chercher une commande à l’autre bout de la ville et lui se la coulait douce, arpentant des ruelles désertes à souhait. Un instant, il envisagea de faire un saut dans sa petite boutique de jeans fétiche, mais l’image de Ji Heon lui faisant déjà la morale l’empêcha de passer le seuil de la porte. Dommage, pensa-t-il les yeux rivés sur ce sublime jean slim délavé, mais il lui faudrait se tenir pour cette fois. Et puis ce n’était pas avec mille malheureux wons qu’il s’habillerait pour l’hiver. Il soupira et jeta un œil à sa montre. Dix-huit heures, indiquait-elle. Il se stoppa net, ayant soudain l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Il glissa une main dans sa poche et en sortit son téléphone portable qui lui indiqua, à deux minutes près, la même heure. Il grimaça et accéléra aussitôt le pas. Non, Se Won n’était pas l’un de ces loups-garous tordus qui se transformaient les soirs de pleine lune, il avait tout simplement peur du noir et l’idée de se retrouver seul dans Séoul une fois la nuit tombée le terrifiait. Finalement, il opta pour la course. Ses jambes s'activèrent à une vitesse étonnante, comme détachées de son corps, si bien qu'il ne distinguait plus les rues aux alentours, tout lui semblait flou. Puis, au milieu de ce brouillard, alors que son cœur martelait contre son torse et le rendait presque sourd, il distingua une bouche de métro, dans laquelle il se jeta sans réfléchir. Allez, encore quelques efforts et il y serait. Ou pas.

« Argent, portable, mp3 et magne-toi ! » l’interpella une voix rauque, « Tu saisis ou tu préfères que je me serve moi-même ? » Se Won sentit une main se poser sur son épaule, main qui se saisit bientôt de son gilet sur lequel on tira énergiquement, « Je te conseille de ne pas nous faire remarquer » reprit l’inconnu, « T’es plutôt mignon, ce serait dommage d’abîmer un si joli visage.. » Le corps du brun se raidit ; son esprit, lui, se paralysa. Coincé entre un corps agité et un mur de béton, il n’essaya même pas de se débattre. Son heure était sans doute arrivée, il lui fallait se rendre à l’évidence et l’accepter. Il y en avait eu d’autres avant, il y en aurait d’autre après, c’est ce qu’on appelait les aléas de la vie, « Et bah alors, on joue les timides ? Je te promets que si tu coopères il ne t’arrivera rien, » Tu parles oui, c’est ce qu’ils disent tous. Et puis après deux, trois baffes, on te colle un bon poing dans la figure histoire de t’anesthésier le cerveau et puis si tu ne te réveilles pas et bien c’est la faute à pas de chance ! Une telle injustice le faisait vomir. Comment pouvait-on s’en prendre à un être aussi pur et innocent que lui ? Une telle injustice le faisait vomir. Comment pouvait-on s’en prendre à un être aussi pur et innocent que lui ? Ji Heon n’avait vraiment pas assuré sur ce coup là. Envoyé son amour muet à des kilomètres de chez eux pour son intérêt personnel n’était clairement pas un comportement galant. Se Won savait qu’il aurait du refuser et l’envoyer se faire voir, mais il avait eu peur. Peur de perdre l’homme qu’il aimait pour une broutille. Alors il s’était contenté de suivre ses « ordres » à la lettre et le voilà qui se trouvait entre la vie et la mort. Si on ne lui avait pas refusé l’usage de la parole, tout le quartier aurait déjà pris connaissance de sa détresse, mais il était condamné à subir les pires horreurs dans le silence le plus total. Satané handicap ! « J’ai pas toute ma nuit, alors tu sais quoi ? » Il releva la tête, laissant entrevoir les quelques larmes qui roulaient désormais sur ses joues, lorsqu’il sentit un genou s’écraser avec force dans son bas-ventre. La douleur était telle qu’il se laissa tomber à terre, dans l’incapacité de répliquer, « Et bien, si je m’attendais à un tel magot ! » s’exclama l’autre à la vue de son portefeuille, « T’as braqué une banque ou quoi ? » Le type rit à gorge déployée puis se saisit du col de son martyr, « Quelle manque de politesse, et moi qui tenait absolument à échanger plus que de l’argent avec toi. Mais ne t’en fais pas, j’ai un dernier cadeau pour toi.. » A ces mots, la brute se releva et échangea un dernier regard avec Se Won avant de l’achever en un violent coup de pied, « Ah et, j’oubliais presque ! » reprit le jeune délinquant, « Ton portable me plait bien, ça tombe bien je cherchais exactement le même ! » Il s’en saisit, le glissa dans sa poche arrière et tapota l’épaule du brun qui continuait d’agoniser à même le sol, « J’appellerais les secours dans la soirée, histoire de ne pas te laisser crever ici. En attendant je vais aller me prendre une bonne douche. Au plaisir de faire de nouvelles affaires avec toi ! »